Randonnée (5)
5 - Back Round
Il semblerait donc que la mascotte imaginée par Mathias Schweizer soit autant inspirée par l’univers graphique de la bande dessinée que par la connaissance intime d’une pâte à tartiner dont il connaît et aime les circonvolutions.
On pourrait s’étonner qu’un graphiste qui n’a pas choisi ici le frottement avec la matière (ni le réel) comme mode d’expression1 (dessin peinture sculpture…) mais se sera contenté d’un bon logiciel de retouche, soit autant attiré par la pâte molle d’une virtuelle image. Je dois ici noter que, de plus en plus rarement, ces fabriqueurs d’images ont affaire aux ciseaux, à la colle voire à la gouache Je sais, je sais, on va me répondre : «Question d’époque !»… et après tout, c’est vrai, pourquoi pas?
Donc acte! Pourtant si notre époque invente, propose et utilise de nouveaux outils, il me semble qu’elle ne fait pas beaucoup d’efforts pour réinventer son langage. Pour le dire vite : ça duplique, ça clone, ça bidouille… mais rien de neuf sous le soleil.
Retourner, détourner une idée (celle de la mascotte par exemple) ne tient pas dans la seule décision, ni dans le discours qui bien souvent étaye la faiblesse de l’image2. Si l’image se tient, elle tient toute seule, le reste, comme disait Aragon, n’est que littérature (et encore, pas toujours!). En fait, il m’apparaît que la virtuosité technique ne dissimule jamais le manque de concept.
Même si, évidemment, L’histoire du joyeux Y’a bon… est loin d’être au dessus de tous soupçons !!! Et le prochain qui me dit "Question d'époque" je lui fait avaler la poudre à canon et la chéchia qui va avec!
Tiens, au fait :
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1 - Je pense évidemment à Paul Rand puis qu’il en était question dans un article précédent
2 - A-t-on déjà entendu Titien expliquer la lumière nacrée de la Vénus d’Urbino ou Cassandre justifier la taille des mouettes qui parsèment la proue du Normandie?