L'en-dessous.

Publié le par ap


"Entre la main qui prend et l'œil qui voit, il existe une articulation secrète. Cette articulation paraît originelle, car elle fonctionne hors de la conscience, dans une sorte de corps antécédent. Le travail du peintre ranime ce corps en ranimant dans la main le pouvoir de créer du visible, qui surgit de la nuit interne. Les gestes du peintre sont un regard aveugle, dont tout son corps paraît être la rétine.


L’invention de la chambre noire a donné une forme machinale à ce processus qu’elle a extériorisé. La photographie est le produit de ce noir et non de son « œil ». Le noir est l’invisible par lequel doit absolument passer le visible pour devenir image.


La main et l’œil communiquent pareillement à travers l’invisible : la nuit des corps.


Dans l’image tout est visible, c'est-à-dire tourné vers l’œil, et donc détourné de la main. Le travail du noir par en-dessous.[...]"

 

Bernard Noël, Journal du regard. P.O.L éditeur, 1988 (P.34)

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