(épars)*
(...) des vagues d’objets jumeaux viennent, à une cadence régulière, s'échouer sur les grèves désormais goudronnées, bétonnées, des cités (en attendant que le pavé redevienne à la page), sur l’herbe rase des parcs, sur les cloisons nettes et tendues des cimaises, sur les planchers huilés ou les sols en ciment fin ou - quand c’est possible - sur les dallages géométriques d’anciens palais et des maisons bourgeoises des siècles passés (plus chics)
(...)
(...) - pas loin de penser que le principe de l’argumentaire qui sert de prétexte à nombre de ces objets, qui fleurissent ici ou là - et flétrissent encore plus vite -, sont finalement plus importants (aux yeux des artistes et encore plus de leurs promoteurs) que les objets eux même.
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toutes les combinaisons (uniformes et livrées) dont
usent les faiseurs d’images semblent - aujourd’hui plus qu’hier ?! - n’être plus qu’une mise en abîme, un ressac de formules, un ressassement jusqu’à l’épuisement.
Ici on brasse plus de vent que les grandes marées.
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lorsque je regarde, avec un certain plaisir (esthétique) des filets de pêcheurs entassés le long d’un quai, je pense à Eva Hesse ou à Pollock; les piles compactées de papiers et de chiffons usagés, inévitablement ravivent les opérations célèbres de quelques Nouveaux Réalistes ou des accumulations de chiffons… Cette ligne d’éoliennes, qui surgit au sommet d’une colline, au détour de ma route, me fait me souvenir du champ d’éclairs de W.de Maria (jamais vu en vrai!) ou des projets de monuments d’Oldenburg (ceux restés dans les cartons). Questions : l’art ne fait-il ici que reproduire les phénomènes et les forme de notre réalité ? Quelle différence existe-t-il (encore) entre présenter et représenter ? – représenter : s’affranchir ? -
(...)
signes des temps(?) : la différence entre un jeu vidéo, une publicité, une œuvre d’art, dans certains cas, est presque gommée. Images, installations, réclames, objets dérivés, multiples, produits courants, semblent n’être que des formes interchangeables - à peu de choses près : l’espace où elles sont présentées et consommées par exemple – tout ça se superpose de façons confondantes. Soupe (consommé).
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parfois, le sentiment de traverser un espace dédié à l’art contemporain (une exposition ou une manifestation culturelle) comme si il s'agissait d'une galerie marchande ou une grande surface ?
Ne vient-on pas y chercher,
(et, éventuellement, n’y fait-on pas l’acquisition de) ce que l’on a déjà vu (avec tous les tics et les grosses ficelles….), ce que qu’on s’attendait à y trouver?
(...)
L’ennui qui me vient de voir trop l’idée et pas la chose! – cela finit par manquer sérieusement de sel comme aurait dit le Marchand !-.]
* Feuillets épars - retrouvés dans les cartons - (2002 - 2005).