Effet feutré
Notes sur J.Beuys, mai 1986
(Schneefall – 1965)
Une de mes premières fascinations pour la neige date d’une époque où pourtant je n’en n’avais jamais vu en vrai. Aussi étrange que ce la puisse paraître c’est une sculpture de Joseph Beuys qui en est à l’origine.
Trois branches de sapin posées au sol sont recouvertes de trente deux couvertures. Le volume produit par l’empilement successif de ces rectangles de feutre est en tout point semblable à celui que de la neige tombée en abondance. La couverture et le feutre évoquant par un saisissant raccourci du langage - pas feutrés et couverture de neige - la nature particulière de cet élément : particules agglomérées constituant une masse compacte.
J’aime l’idée que l’enfouissement passager dû à cette enveloppe liquide, rendue compacte par le froid, gomme – ou lisse - les formes au point de les faire disparaître. C’est cet estompage par le dépôt (la couche) de neige qui me fascine.
De même, dans la « Chute de neige » de J. Beuys, les trois branches recouvertes de ces peaux de feutre deviennent un seul corps enseveli.