Reprises

Publié le par ap

« A regarder les œuvres du passé, à constituer dans la mémoire une collection d’images précieuses, mais fragiles parce qu’éphémères, il importe – je crois – d’accueillir de tels événements et de les recueillir en les racontant. Sans doute leur donne-t-on par-là une importance disproportionnée à toutes les occasions dont un voyage de l’art est fait ; l’écriture qui les enregistre enveloppe cette brève mais surprenante rencontre d’une aura mystique, d’un retentissement d’existence qu’en toute vérité elle n’avait certainement pas. Mais ainsi les images, à leur tour, s’inscrivent définitivement dans le champ de la mémoire, s’accrochent durablement aux cimaises du musée imaginaire personnel : inoubliables. »

Louis Marin « Opacité de la peinture » Editions Uscher, 1989

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L'inventaire partiel des Reprises réalisés entre 2005 et 2008 est à consulter ici

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E
Louis Marin parle d’accueillir « de tels événements». De quels événements s’agit-il ?J’aime la notion de « musée imaginaire personnel ». Pour ma part, je mettrais d’ailleurs cette notion au pluriel. Nous en avons tous. Et c’est une stupéfaction de constater à quel point ils sont changeants, évolutifs, liés à chaque moment de notre existence
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A
Ce livre de Louis Marin est un essai sur la représentation au Quattrocento. Les événements dont il parle sont ceux liés à « la surprise de l’œil, l’accident du choc visuel » qui surgissent parfois dans la contemplation de la peinture. La notion d’événement est donc ici à comprendre dans son sens premier : ce qui advient dans l’œuvre et dont témoigne la peinture, ce qui, en retour, nous traverse. Dans le chapitre d’où est extrait cette citation, il est question de Filippo Lippi et plus particulièrement de la scène de la décapitation de Saint Jean Baptiste à Prato. Il y analyse en particulier la question de la syncope spatiale de cette peinture lié au retour de mur sur le quel il est peint ; une peinture d’angle dont la césure physique (l’angle du mur) permet de traiter le sujet représenté en marquant la discontinuité temporelle et narrative… Pour ces musées imaginaires mouvants, je partage votre remarque. Mais certaines formes, gestes, enveloppes… demeurent cependant, sorte de charpente ou squelette de ce qui constitue la nature du regard (voire de la pensée). C'est cette préocupation qui occupe actuellement mon travail de peinture.