Controverses anatomiques

Publié le par ap

Bien des hommes croient faire des images, mais ce sont les images qui définissent ou font les hommes.

 

 
Controverses Anatomiques, n’est ni une série, ni suite de photographies, même si les images par leur apparente répétition ou par la nature de leur support tentent à contredire cette affirmation.

 

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Composé d’un ensemble de 24 tirages photographiques, retouchés à l’encre, et d’un animal empaillé, cette oeuvre se présente davantage comme un polyptique dont l’organisation des éléments, volontairement hétérogènes, semble avoir été choisi pour décourager toute tentative de narration et restituer le sentiment d’un vertige.

 

Devant cette partition quasiment monochrome, il y a ce que nous croyons voir ou reconnaître comme, par exemple, cette déclinaison partielle de l’imagerie médicale à travers différentes époques, il y a ce que nous voyons et ce que nous pourrions lire des textes recopiés à la plume sur certaines de ces images, il y a encore ce que nous identifions et que, pourtant, nous ne savons déchiffrer, ni même nommer avec certitude.

 

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Ces extraits choisis pourraient donc apparaître à première vue, comme une simple confrontation des représentations du corps humain qui, depuis l’un des premiers traités illustrés d’anatomie médicale du milieu du XIe, à l’utilisation des rayons X, en passant par les gravures de l’Encyclopédie du XVII, n’ont eu de cesse de rationaliser les connaissances humaines pour des visées thérapeutiques. Dessinées d’après des observations rigoureuses pratiquées lors d’autopsies ou liées à l’apport technologique, toutes révèlent ce que nous ne voyons pas habituellement du corps, par une mise en tranche, une coupe réglée, une exploration tantôt réelle, tantôt virtuelle, de celui-ci.

 

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Pourtant ici, les reproductions de ces différentes images, retouchées, reprises, réécrites, enlacées dans les circonvolutions des traits, griffées par l’acier incisif de la plume ou noyées sous l’excès de l’encre, ne cherchent pas à dresser un inventaire objectif. Prises dans les strates d’un texte du 17e, nouées dans les mailles des lignes, enfouies parfois jusqu’à la disparition sous les veines sombres de l’encre de chine, ces figures renaissent et se défont sans fin dans l’intrication des signes produits.

 

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Controverses anatomiques déplie dans ses jeux de répétitions insistantes, d’analogies formelles, réelles ou fictives le passé et le présent, le lisible et l’illisible de ce qui constitue les limites du regard et de la connaissance, voire d’un mal entendu ou d’un mal vu.

Ne serait-ce pas, en substance, la question que pose l’animal empaillé, un Coryle pustuleux, répondant aussi au nom commun de « fouette-queue », qui fut confondu jusqu’au 17eme siècle, par mésinterprétation du texte d’Aristote, avec une salamandre aquatique ?

 

[...]

Cette oeuvre est actuellement présentée par l'arthotèque éphémère de l'ORCCA.

Pour plus d'informations je vous invite à consulter le site de Vincent Cordebard et aussi cette page sur Etaton.

> (article modifié le 3 février 2008) 

Publié dans photographie

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A
Suite à la demande de Vincent Cordebard, j'ai retiré le 03 02 08, certains commentaires liés à cet article.Par contre, on peut  encore "Balayer la poutre dans l'oeil du voisin" (http://ap.over-blog.org.over-blog.org/article-16265241.html).
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E
Absolument d'accord pour partager cette admiration pour le travail de Vincent Cordebard. Grand artiste. Il y a quelqu'un d'autre  qui fait un travail remarquable, qui par certains cotés y fait penser (notamment concernant les photographies de "la mère" écrites, surchargées, griffonnées) et qui est très discrèt(e) aussi, c'est Danièle Lazard.
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