Atelier de la condamine (de Camille à Diégo)

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Atelier de la condamine (de Camille à Diégo)

Les deux premiers ateliers peints par Bazille (Rue Furstenberg et Rue Visconti ) sont assez proches de l’esprit des ateliers de Corot, peintre qui, selon toute vraisemblance, comptait beaucoup pour lui.

 

 

Atelier de la condamine (de Camille à Diégo)
Outre le travail sur la lumière on y retrouve quelques éléments communs : le poêle, la boite de couleur, le mur d'images…).
Atelier de la condamine (de Camille à Diégo)
Atelier de la condamine (de Camille à Diégo)
Atelier de la condamine (de Camille à Diégo)

Seule différence effective, les deux premiers ateliers de Bazille ne comportent pas de figure.

Ce traitement du lieu de travail du peintre (je veux dire dans cette forme intimiste) n’avait été que très peu abordé jusque là. Ce que j’avance là est un peu lapidaire et il faudrait y apporter toutes les les nuances nécessaires et les cas d’exception car il existe des peintures de Rembrandt, de Vermeer ou de Chardin abordant cette question ainsi que plusieurs autoportraits de peintres devant leur chevalet, et peut-être encore (mais il s’agit là d’un sujet en soi) de quelques natures mortes ou études des objets du peintre, mais rarement l’espace de travail en tant que tel avait fait l’objet d’une telle attention. Toujours est il que c’est pourtant sur le modèle des ateliers de Corot que les peintres des générations suivantes multiplieront ce motif.

"L’atelier de la Condamine", à l’inverse, est occupé. D’ailleurs à bien le considérer, il s’agit moins que dans les autres d’un espace de travail que d’un appartement même si certains signes (chevalet, palette, verrière…) sont là pour nous le rappeler.

Il y a, dans ce tableau de Bazille, une volonté de synthèse entre plusieurs sujets; en cela c’est une mise en scène (quasi théâtrale je l'ai déjà souligné), non de son atelier réel mais bien de sa vie de peintre.
Tous les sujets de la peinture sont présents, de la figure au paysage en passant par la nature morte, de l’œuvre achevée (encadrée) à l’œuvre en cours, de l’œuvre acceptée à l’œuvre refusée (aux Salons).
Les actions des personnes représentées (parler, voir, peindre, écouter…) cherchant peut-être à montrer l’effervescence intellectuelle de ces artistes et la pluralité (littérature, peinture, musique).

On sait que Manet admirait Vélasquez et que Bazille appréciait beaucoup l'oeuvre de Manet, de là à parler ici des Ménines (autre grande peinture d'atelier !), il n'y a qu'un pas, et je pense sincèrement que c'est à ce tableau plutôt qu'à celui de Fantin-Latour (peint la même année sur le même thème) que Bazille pensait (secrètement ?) pour réaliser son tableau.

Au moins deux indices discrets peuvent y faire penser.
Atelier de la condamine (de Camille à Diégo)
Atelier de la condamine (de Camille à Diégo)

Si pourtant l’espace proposé par Vélasquez est littéralement royal et virtuose (peinture et dispositif spatial , voir ici l’article de A. Korkos), le peintre faisant face au premier plan aux côté des Ménines, celui de Bazill, prenant en quelque sorte le contre champ, (le peintre, palette à la main, présenté de trois quart dos au fond de l’atelier, près de la verrière) ne se veut pas aussi spectaculaire.

Atelier de la condamine (de Camille à Diégo)

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