Comme une bouteille à l'amer...
Un commentaire d’un article récent, intitulé « Echo-mail (patrimoine) », nous invitait à jeter un œil du côté de l’œuvre de Allan Sekula, dont j’apprends, par incidence, qu’une exposition se tient finit en ce moment à Paris, à la Galerie Michel Rein .
Pour ma part, je ne connaissais le travail de Allan Sekula que par quelques images et l’analyse que Dominique Baqué avait réalisée dans son ouvrage «Photoraphie plasticienne, l’extrême contemporain» (1). L’auteur de cet ouvrage définit le travail photographique de Allan Sekula comme celui d’un documentariste engagé, utilisant l’image davantage pour son potentiel critique que pour ses qualités esthétiques, bien que, à cet égard, il reste difficile d’établir, pour certaines de celles-ci, la part entre ces deux aspects.

Que ce soit depuis la passerelle d’un porte containers ou depuis les quais d’un ensemble portuaire, du fin fond des soutes ou d’une mine ou encore sur les pelouses bien entretenues de quelques quartiers chics, ces photographies (et plus récemment ces vidéos) prennent acte (enregistrent) des lieux et des personnes qui y travaillent.



« Tous les hommes deviendront sœurs », 1996
« Les riches détruisent la planète », 2007
« Travailler plus pour gagner plus », 2008
« Je m'efforce, quant à moi, de représenter la société de manière globale; les détails, les moments, les instants sont insérés dans un cadre plus large de relations économiques et sociales. Je ne me fais aucune illusion quant à la capacité du photographe à rendre une vérité universelle. [...] La photographie étant un médium modeste parce que descriptif, elle sous-entend les conditions esthétiques déjà présentes dans un monde qu'elle ne fait que décrire. […] Pour moi, la fonction descriptive est un modèle très important. Le principe qui consiste à respecter l'objet et à ne pas le soumettre à un traitement trop esthétisant est la base de la construction d'une relation entre les différents éléments photographiques qui tendent en grande partie à favoriser une séquence par rapport à une série, une sorte de flot d'images. » A.S (3).
1 – Dominique Baqué « Photographie plasticienne, l’extrême contemporain », Ed du Regard, Paris 2004
2 - A ce propos, on remarquera la bêtise de cette formule qui a tant frappé les esprits, « travailler plus pour gagner plus ! » qui, si elle s’appuie sur une évidence (presque une lapalissade) promet un augmentation des profits individuels mais se garde bien de dire à quoi cela peut servir : gagner plus pour quoi faire ? Autrement dit cette formule est plutôt creuse, en cela qu’elle ne délivre aucun projet de société.
3 – Extraits de l’Entretien accordé par Allan Sekulla à Camille Waintrop (Bulletin de la SFP, 7e série-N°14, juillet 2002)
Quelques travaux sont visibles ici : Galerie Michel Rein et Christopher Grimes Gallery on peut aussi lire le Communiqué de presse de la Galerie Michel Rein (exposition du 08-03 au 05-04-08).