Remarques brèves sur Joseph Beuys (5)
Ex-voto
Comme les offrandes faites par ces marins rescapés d’un naufrage ou ces malades guéris, en remerciement d’une grâce obtenue, l’œuvre de Joseph Beuys correspond, à bien des égards, à une suite d’ex-voto. Plaques, crucifix, médailles, boites ou reliques, petites images parsèment en effet son travail.
On sait que l’œuvre de Beuys est née, si l’on s’en tient à ce qu’il en a dit, d’une réflexion liée à un accident d’avion, lorsqu’il était pilote dans l’armée de l’air allemande. Secouru et recueilli par une tribu nomade, il sera sauvé grâce à l’utilisation de couvertures de feutre de graisse et de miel. Que ceci relève de la stricte vérité ou de la pure fiction importe peu, en fait, car c’est sur ce récit (cette proposition initiale) que se fonde l’œuvre.
Si l’omniprésence de la figure de l’artiste dans son œuvre semble évoquer la question de l’autobiographie, le rôle qu’il joue à travers ses différents corps et particulièrement celui du guérisseur, conduit plutôt à penser qu’il s’agit là d’un dispositif métaphorique. Le dialogue qu’entretient l’œuvre avec le contexte social et politique de l’époque se fait essentiellement sur ce registre.
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