West End (2 - La chevauchée sauvage)

Publié le par ap

 

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La chevauchée sauvage (Bite the bullet(1) - 1975), raconte une course de chevaux, au début du siècle dernier, à travers mille kilomètres de plaines, de déserts et de forêts du Colorado, dans l'Ouest américain. La prime qui reviendra au vainqueur s’élève à 2000 dollars, de quoi tenter plus d’un aventurier quelque soient les motivations de ceux-ci. Huit hommes et une femme y prennent part.

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Le propos du réalisateur  ne se limite pas à relater cet évènement. D’ailleurs le film n’est pas à proprement parlé construit sur un suspens, malgré les embûches ou les revirements qui jalonnent cette course. On comprend bien vite que cette épreuve est une métaphore d’une société en pleine mutation, celle des Etats Unis à l'époque de Théodore Roosevelt.

La Frontière* n’existe plus, la conquête de l’ouest est terminée depuis belles lurettes et le Far West de grand papa est un mythe que l’on entretient, ou que l’on fabrique, à grands renforts de spectacles ou de parades. C’est le sens des premières et dernières scènes du film où, la foule massée le long des rails, acclame les concurrents en agitant des drapeaux ou en tirant des coups de révolvers.

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« Autrefois, les caravanes sillonnaient  le pays d’est en ouest se frayant une piste à travers le wilderness. Les fermiers, eux, acheminaient le bétail au cours de périples épuisants. Puis survint la fin de la Frontière et avec elle, de nouveaux moyens de transports, des voitures, des lignes de chemins de fer. Dès lors, l’énergie, moteur essentiel de la conquête de l’ouest, eut peine à se consumer. […] Car l’énergie c’est la violence inhérente à la culture américaine, sa mythologie » précise Jean-Baptiste Thoret dans son essai(2) sur le cinéma américain des années 70.

Dans un sens les candidats engagés dans la course sont eux aussi des figures archétypiques, du joueur au baroudeur, du simple bouvier à la prostituée. Ce sont des figures de style.

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L’un d’eux, Sam Clayton, en est sans doute le personnage le plus complexe. « Défenseur des bêtes, des dames, des enfants et de toutes les causes perdues du monde » comme le présente son ami Luke Mathews, l’homme montrera en effet tout au long du film ces qualités.

Américain de descendance mexicaine – à ce qu’il prétend -  il est à la fois le type même du cowboy, celui qui  « pour se déshabiller commence par les bottes et finit par le chapeau » indique Miss Jones, celui aussi qui respecte sa monture plus que tout autre choses et qui simultanément se définit lui-même comme un non-américain, car « celui qui n’est ni le meilleur, ni le plus grand, ni le vainqueur n’est rien en Amérique. »  C’est peut-être d’ailleurs sur cette idée que s’opère le point de bascule du récit.

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Encore une fois - comme c’était déjà le cas pour les professionnels – cette trame narrative est, pour Richard Brooks, l’occasion de conduire une réflexion sur ce qui met en mouvement les hommes dans un monde qui change, et comment se fait le passage, on pourrait presque dire la passation. C’est un propos à la fois critique et humaniste où le principe de solidarité, l’amitié et la notion respect ébranlent les poncifs du genre, sans pour autant être moraliste.

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Gene Hackman (Sam Clayton), James Coburn (Luke Mathews), Candice Bergen (miss Jones), Ben Johnson (Mister).

 


(1)  Bite the bullet, (Mordre dans (la) balle) qui est le titre original et qui signifie signifie « supporter la douleur avec le courage ». Avant que les que l’on invente les anasthésiques, on donnait au soldats une balle à mordre pour pour les aider à supporter la douleur en cas d’opération. Les progrès de la médecine sur les champs de bataille a transformé ce geste premier en simple formule, même si il arrive encore que certains soldats notamment pendant la guerre du Vietnam aient eu recours à ce procédé…

 

(2) Le cinéma américain des années 70 -  Ed. Les cahiers du cinéma 2006

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D
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