Fausse en blanc (brèves)
La lumière est verte ou bleue. Alice est assise sous une lampe près de l’écran qui balaye son visage. De là où je suis, je ne peux pas voir si elle frappe sur le clavier avec tous ses doigts.
Penchée en avant. Une main sous le menton elle ne bouge plus. Elle fait la statue. Elle pense.
Son ombre est posée sur le mur comme un grand signe de Motherwell. Sur la table des livres un paquet de tic-tac et un appareil photo. Seuls ses yeux sont mobiles, allant et venant comme on suit un texte des yeux. Que lit-elle qui la fige ? Passe un chat mi-roux mi-blanc qui va prendre ses quartiers sur le canapé. La bouilloire siffle.
Non là voici qui se redresse : elle remettait son chausson. Alice se prendrait-elle pour Cendrillon ?
- Dis, me dit Alice (comment sait-elle que je suis là ?), tu trouves que je ressemble à cette poupée en jean ?
- (je n’ai pas le choix : je réponds) Tu veux dire comme Carole ?
- Crétin !
- !!… (j’aurais sans doute mieux fait de rester à ma place, je ne dis plus rien !)
- Crétin !... T’as même pas vu que c’était un Lewis ?
Bon, pour cette fois, Alice a l’avantage. D’ailleurs elle l’a toujours.
(et d'ailleurs!)
Alice joue à faire la Vénus. Elle est dans la douche. Derrière le verre dépoli des parois coulissantes elle prend la pose.
- Tu fais une photo ?
Bien que je ne sois pas vraiment là – je veux dire en chair et en os - dans la salle de bain, je fais semblant d’armer mon instamatic. Les doigts mimant l’appareil, je fais clic-clac.