(Worosis) l'autre visage de Kiga

Publié le par ap

« Une bergerie de pierre et de terre entourée de cailloux bleus, des amis la peinture au jour le jour. » Colette Portal à propos de Tous les jours le jour.

 

[…]

(Souvenirs d’un tournage, 04-1995)

 

Au sein du mur de cartons de Kiga, une petite photographie, collée sur l’un d’eux, avait longtemps retenue notre attention. « Vous aimez la mer ?» était-il inscrit en sous-titrage, sous le profil d’Ava Gardner. Nous avions imaginé, avec J-M Brisot, au tout début du tournage, que cette image, collée sur l’un des cartons, pouvait servir de point d’articulation des différentes séries présentées dans l’exposition de Beaubourg, et cela précisément parce qu’elle contenait à la fois une part de mystère et simultanément la promesse d’un voyage.

 


Cette image, je ne l’ai su que plus tard, avait été réalisée en 1978 par Colette Portal. Elle fut même, aux dires de l’auteur, celle qui inaugura une série intitulée Version Originale. Les différentes photographies prises devant un écran de télévision, « chaque fois que la phrase lue et l’image regardée déclenchait un mécanisme de séduction », sont des arrêts sur images où se télescopent dans un décalage inattendu l’image et des fragments de dialogues.


La suite de ces photographies pourrait constituer, bout à bout, une sorte de récit (où l’amour, la mort, l’art, le pouvoir, la vanité…sont évoqués) et si, à bien des égards, elle rappelle le principe des séries élaborées par Gasiorowski, la présence de ce cliché de Version Originale, sur la face de l'un des cartons de la fiction de Kiga résonne autant comme un point d'ironie admirable que comme un hommage.

 

[…]

Il se trouve en effet que de 1979 à 1983, Colette Portal photographiait Tous les jours le jour. Huit cents photographies en tout, dont la plupart seront utilisées pour Chroniques sur le peintre Gérard Gasiorowski , film produit par le centre Georges Pompidou à l’occasion de la rétrospective de 1995. Ce témoignage (cette restitution), à la fois intime et précieux, recouvre en partie la période de la construction des différents récits en parallèles que sont l’Académie Worosis Kiga, Les Meuliens, Les Amalgames, et Les Fleurs. A plusieurs reprises des photographies seront d’ailleurs utilisées, soit pour illustrer divers temps de ces récits, soit pour rendre compte de certains travaux comme Les Sables par exemple.

 

Dessinatrice, Colette Portal a créé, par ailleurs, sur cette même période, de nombreuses œuvres graphiques (Gravures, 1976 - Le Jardin de Buffon, 1976 - Le chaos immobile,1982...) et  publié quelques ouvrages illustrés (La nature racontée, 1971-79) dont les thèmes, si non les sujets, recoupent notamment les problématiques présentes dans l’inventaire des Meuliens. Cette proximité nous donne donc un autre versant de ce qui, j’en suis maintenant convaincu, aura motivé l’élaboration de cette dernière fiction de Gasiorowski, tout en annonçant, dans la foulée, certaines figures des Cérémonies mais aussi de Fertilité.

 

A plus d’un titre, les photographies autant que l’œuvre graphique, par leurs complicités évidentes accompagnent donc l’œuvre de celui qui fut, au cours de ces années, aussi son compagnon.

 

Des cires sur papier intitulées Voyage avec Colette Portal, présentées lors de l’exposition à L’A.R.C en 1983, indiquaient d’ailleurs, sans masque (cette fois-ci) l’importance de cette connivence, et peut-être davantage encore. Aussi serait-on tenté de penser qu’il s’agissait peut-être bien là de l’un des vrais profils de l’indienne.

 

Publié dans peinture

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C
Qui êtes vous , pour écrire des choses aussi osées , effrontées même .Je crois reconnaître le style . Est-ce toi M.E. ? J'espère .Si ce n'est pas toi , c'est formidable aussi .Colette-Renée Portal
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