Midi, Troyes
"C'est fou c'que l'temps passe : il est déjà midi..."
(dixit L'Harmonica dans Il était une fois dans l'Ouest de Sergio Léone)

Un homme de dos, revolvers aux poings attend debout, sur la voie ferrée, l’arrivée d’une locomotive. Pour ceux qui n’auraient pas connaissance de l’histoire ils pourraient imaginer qu’il s’agit là d’une banale attaque de train, ce qui, bien évidemment, n’est pas le cas.
Pour l’une des versions de l’affiche du film de James Mangold - celle qui fleurit notamment sur les quais de la gare de Troyes à midi dix – il s’agit d’un montage qui combine deux temps du récit. Ainsi, l’homme de dos est emprunté à une des scènes du début tandis que le train renvoie à la scène finale du film.
Le train représente la loi et l’ordre puisqu’il vient pour embarquer le hors-la-loi vers le pénitencier de Yuma. Le cow-boy de dos, comparse du prisonnier est là pour tenter d’empêcher que ce départ ait lieu, coûte que coûte. Autrement dit, l’affiche loin de traduire ce qui faisait l’argument central du film de D.Daves, à savoir la dimension psychologique de la relation entre les deux protagonistes (le fermier et le hors-la-loi), semble ici davantage mettre l’accent sur le suspens lié à la scène d’action finale.
Dans les affiches françaises du film de Demer Daves, la présence d’un cadran d’horlogerie, ou celui plus inquiétant d’aiguilles noires (à droite) se resserrant comme un étau, insiste sur la nature de ce compte à rebours.
On remarquera donc que, sur certaines versions, la présence de l’horloge, associée au texte, fait écho à l’avant de la locomotive (portant l’étoile) - reprenant en cela l’un des plans du film - lequel est un rappel discret à la forme du barillet d’un revolver.
Si dans High Noon (le train sifflera trois fois) de Fred Zinnemann, le temps, le train et la poudre étaient déjà fortement imbriqué au sens du récit, il semble cependant que la référence au film culte de Sergio Léone, Il était une fois dans l’ouest, soit davantage affirmé dans l’affiche par le choix du monochrome. Ainsi, sans doute, le graphiste aura choisi de faire une pierre deux coups : classicisme et filiation…Tout un programme !