Réplique 5 (le dictateur 2)
2 – Quelques observations globales
Par contre, l’ombre sur le rideau supprime la profondeur de champ présente dans l’image du film, accentuant ainsi le principe d’icône et l’aspect dramatique.
On peut aussi noter que la composition frontale de l’affiche utilise de façon implicite la forme partielle de la croix gammée.
Nous sommes donc ici en présence d’une image qui cherche à créer (au premier coup d’œil) la confusion en jouant les points communs de façon à simuler cette ressemblance. C’est d’ailleurs l’un des principes du film.
A priori, on serait tenté de penser que la seconde catégorie d’affiche (celle où le dictateur est en présence du globe) est elle aussi réalisée à partir d’un extrait du film.
Pourtant, en visionnant la séquence, il apparaît que Heynkel ne porte pas, à cet instant, de casquette.
Ce détail est apparemment sans importance, si ce n’est qu’il indique seulement qu’il aurait été plus difficile, sans l’ensemble des accessoires qui dessinent sa silhouette (et dont la casquette fait partie), de visualiser sur l’affiche la figure du dictateur.
La comparaison entre les images des deux discours, montrant la substitution du dictateur par le petit barbier juif, joue d’ailleurs de l’absence du couvre chef.
En fait, l’affiche a été réalisée, comme c’était souvent le cas, en combinant deux photographies de plateau.
Sur cette autre version, le personnage de Hannah (Paulette Godard), la jeune Blanchisseuse du ghetto Juif , est présente en vignette (à côté de son nom). Du coup le regard de Hynkel semble lui être adressé.
La façon dont elle porte sur la tête le panier de linge n’est pas sans évoquer le geste du Dictateur avec le globe.
Chaplin, qui aimait travailler sur les métaphores, ferra d’ailleurs en sorte que ce panier de linge propre soit salit par les tomates, lancées contre elles, par les soldats de la milice du dictateur. Le parallèle avec la planète qui explose entre les mains de Hynkel est facile à comprendre.
La dernière variante utilise elle aussi un geste de la scène du ballon. Ici encore, la figure utilisée n’est pourtant pas celle du film.
On remarquera que ce geste ingénu en évoque un autre, déjà utilisé par Chaplin dans « Les temps modernes », au moment où l’ouvrier d’une chaîne, après avoir été avalé par la machine en ressort choqué et se met à détraquer les instruments de l’usine.
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