Réplique
La lecture d’un article de Alain Korkos sur son blog La boite à images, au sujet de l’affiche du film "The good german" (l’ami allemand) - film que je n’ai pas vu - a suscité chez moi quelques réflexions que je livre ici en vrac.
Ce mode de construction en Z, même s’il est ici retourné, est pourtant un modèle courant de composition dans les affiches puisqu’il permet une lecture rapide (en diagonale, du haut vers le bas) des différents éléments graphiques et textuels.
Pourtant, ici, ce n’est pas ce schéma qui me semble le plus significatif. Si l’opposition entre ce qui serait le bien et le mal est bien notée par le jeux des couleurs rouge et noir, la ligne de séparation (ligne de fracture en éclair) semble diviser (séparer) le couple en noir et blanc. Par ailleurs c’est plutôt le principe de la spirale qui, superposée à ces deux zones, les relie, incluant ainsi la notion de vertige entre le premier plan de droite et l’arrière plan à gauche.
La seconde remarque porte sur le parallèle avec l’affiche du film « Casablanca », ou plutôt l’une des nombreuses réalisées pour ce film. Il est plus qu’évident qu’ici nous nous trouvons dans le domaine de la réplique plutôt que la citation discrète, une façon non dissimulée d’affirmer une volonté de filiation, tout au moins pour des cinéphiles avertis ou des collectionneurs.
Dans celle qui sert de modèle à « The good german » Le personnage de Rick (Humphrey Bogart) fait face au premier plan en brandissant un pistolet automatique, protégeant visiblement Ilsa. (Ingrid Bergman). L’arrière plan (rouge lui aussi) est occupé en médaillon par les autres protagonistes du film. Ici plus que dans l’affiche de « The good german » les personnages semblent graviter dans l’ombre.
On notera enfin que Bogart avec son feutre et son imperméable (costume qu’il ne porte qu’à la fin du film) ressemble plus à un détective privé (rôle qui a fait son succès dans un film précédent « le faucon maltais » – qu’à un patron de boite de nuit.
Dans une autre version les personnages principaux sont présentés sous un autre angle (peint cette fois-ci) et les protagonistes (en grisé) sont insérés en guirlande sur la partie droite.
Chez l’une c'est l’utilisation d’un jeu des vignettes rappelant presque la disposition d’un journal ou des documents d’archives.
chez d’autres, ce sera par la présence d’une silhouette de l’Afrique…
ou encore par le jeu de découpe du cadre évoquant l’arc d’une architecture orientale.

D’autres version, plus ou moins tardives (ici respectivement des affiches pour un public Italien et Allemand) mettront d’avantage en avant le visage de Ingrid Bergman, insistant aussi sur l’aspect exotique (suggéré par le titre) par la présence du fumeur de narguilé assis au premier plan, ou celle des chéchias…
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Ah damnaide ! J'aurais dû enchaîner sur un billet à propos des différentes affiches de "Casablanca " ;-) Mais j'me suis fait coincer par le 1er mai…
Juste une petite erreur, sans conséquence : l'affiche signalée comme étant réservée au public français est en réalité une affichette belge, destinée à être placardée à l'entrée des cinémas.
En voici un exemplaire avec, en bas à droite, le timbre-taxe obligatoire à l'époque.
Ces affichettes des années 40-50 ont été abondamment reprises en posters à partir des années 80-90.
Leur taille originale est, le plus souvent, de 37x30 cm.
Merci, KA pour ces précisions. Désolé pour "l’herbe coupée" , mais comme je ne pense pas avoir fait un travail exhaustif sur cette déclinaison d’affiches, je vous fais confiance pour affiner encore notre optique.
De : ap_______________________