Annotations en marge #2 (sur Max Ernst)

Publié le par ap

[Ces annotations prises en marge de l'étude sur "Les hommes n'en sauront rien" n'auraient pas dû être publiées ici. Elles sont assez décousues et relèvent plus de l'intuition ou de la rencontre fortuite d'images que de l'analyse. Ce sont des bribes et il convient de les considérer plutôt comme des pistes de travail : des rendez-vous.]

note 2 – Le bec dans l’eau

« Subitement, il semble perdre son centre de gravité, et se démantibule comme une mouche ivre, tournoyant la tête la première, ses ailes décrivant dans son sillage une spirale. Il suffirait qu’il veuille bien de lui-même déserter sa péninsule, et alors les pâles de ses hélices ralentiraient et sa contre ascension cesserait nette comme un parachute qui s’ouvre un peu brusquement et rattrape par les cheveux et les épaules ».
(Extrait d’un billet sur Icare l'Hélicoïdal - l’Ornithorynque)


Bas relief, Ecole Française, 18e (RMN)

Si il y a de nombreuses chutes de corps, des vols planés, des lévitations, des sauts  de tous poils et de toutes plumes dans l’œuvre de Ernst, il n’y a pas, à ma connaissance, la présence de la figure d’Icare.

On pourrait s’en étonner d’ailleurs, lui qui a, si souvent, convoqué les mythes let les légendes pour nourrir son iconographie personnelle, n’a pas apparemment utilisé directement cette figure. Dans Les hommes n’en sauront rien, j’avais été tenté d’évoquer, un moment, la présence de ce personnage à cause de l’idée du parachute jaune dont parle Ernst lui-même, mais il n’y avait, à mon sens, aucune raison sérieuse pour s’y tenir.

[...]


Dans un tableau de Ernst de 1922, intitulé La chute d’un ange, on peut remarquer, sur la partie supérieure, un motif des jambes renversée en plein ciel et dont le reste du corps disparaît (semble disparaître) derrière une haute palissade. Plus bas, disposées dans des cercles, on retrouve des silhouettes découpées dont l’une (en blanc) semble avoir le même mouvement de jambes. Les deux traitements graphiques utilisés (peinture avec effet d’ombres et collages) installant un effet d’ambiguïté spatiale entre le devant et le derrière, le dessus et le dessous.


Si l’on s’amuse à comparer le mouvement des jambes avec, par exemple, quelques gravures du 18e siècle représentant la chute d’Icare, on peut y trouver certaines analogies, ne serait-ce que par la désarticulation du corps liée à la chute.


 


On pourrait ainsi croire, un instant, à une sorte de résurgence du thème Icarien… Sauf que, les courbes des corps de la partie basse, sont plutôt féminines et qu’il n’y a pas de référence implicite aux ailes…
Bref : choux blancs !

Dans l’oeuvre de Ernst nous avons bien des enfants, des hommes ou des femmes, des oiseaux et des anges qui se défient de l’apesanteur (ce qui dans ces deux derniers cas peut sembler assez normal), mais point d’Icare !

[...]


 


On notera juste (maigre réconfort !) que dans un tableau de
Joseph Marie Vien (1787), qui présente Dédale fixant des plumes sur le dos de son fils – le préparant ainsi à devenir un ange ? -, la position des jambes d’Icare est assez proche de celle utilisée en symétrie dans Les hommes n’en sauront rien.

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E
«On notera juste (maigre réconfort !) que dans un tableau de Joseph Marie Vien (1787), qui présente Dédale fixant des plumes sur le dos de son fils – le préparant ainsi à devenir un ange ? -, la position des jambes d’Icare est assez proche de celle utilisée en symétrie dans Les hommes n’en sauront rien.»Bien vu, c’est vrai. Mais je me suis demandé si ça ne faisait pas partie des topoi, ces formes apprises, stéréotypées, resservies, un mouvement, un geste utilisé en tant que tel ? Sorte de code passif de la peinture…
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