De ce roulement au ciel de la peinture
Détails de ciels chez Caspard David Frierdrich
Un roulement sourd, là-bas, suivi de craquements secs. L’asphalte liquide qui enfle contre les récifs, l’horizon qui se plisse et se tend, racle et claque comme une voile détachée.
Bourrasques qui ourlent la chevelure des longues graminées, secouent les frondaisons et dispersent les feuilles en tourbillons rapides.
Le ciel s’amoncelle en paquets bruns prêts à lapider la terre. L’argent de l’écume se déploie en gerbes. Des vagues brunes arasent le coteau.
La voûte sombre se déchire : des poches d’eau crèvent du plafond mobile, le ciel fond littéralement et engloutit la terre. Les flots se déchainent en cataractes, torrents, coulées. Les flancs saignés des collines dégorgent et crachent une boue rougeâtre.
Puis le vent fléchit, le tohubohu freine sa course. Les assauts marins tempèrent leurs ardeurs, la forêt s’égoutte. L’azur lavé pointe entre les paquets de laine défaits.
Du sol détrempé montent des vapeurs, l’eau se retire entre les pierres, s’infiltre jusque dans des failles profondes, laissant échoués de grands monstres à la peau lisse, figures douces et inquiétantes. Déjà l’homme polit la pierre.