Lente reprise

Publié le par ap

230107

La neige qui tombait depuis six heures du matin mis seulement quelques heures à former un tapis suffisant pour que, seul le repli dans l’atelier de Vincent soit la façon la plus agréable d’attendre que les caprices du ciel s’apaisent. 



Sur l’une des étagères, j’ai retrouvé la boite en carton contenant les tubes de couleurs, les palettes de papier et les pinceaux. J’ai déballé tout le bazar avec une petite appréhension. J’ai observé la trace de pression sur le corps des tubes qui les avait laissé froissés, dans la même position depuis sept mois. Avec la lame d’un couteau, j’ai fait sauter la goutte dure d’huile qui avait séché au col du tube.
La pâte colorée a effectué une lente poussée, un peu comme un abcès que l’on crève, une cicatrice que l’on ouvre. Vincent a tiré d’un coin de la pièce un petit châssis neuf qu’il a posé sur le chevalet pendant que versais un verre de térébenthine au fond d’un verre à whisky.  

Nous avons travaillé toute l’après midi, chacun de son côté, à arpenter l’espace granuleux d’un coton tendu qui se remplissait peu à peu. Dehors les flocons descendaient toujours.
La nuit était tombée depuis au moins une heure quand un état d’équilibre assez satisfaisant a retenu le dernier coup de pinceau.

Assis à bonne distance, sur le fauteuil rouge, j'ai regardé tout ça en me demandant, comme à chaque fois, comment ça pouvait bien  tenir...

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