cliché 56

Publié le par ap

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Il était là, main jetée en avant, poing serré, veines gonflées tendant sa peau, tête calée contre l’épaule, l’autre bras replié, ramené contre la figure. Le désordre de la couverture sur laquelle il se trouvait aurait pu faire penser qu’il y avait eu combat. C’était presque la position d’un homme mort.

Il dort cependant, couché dans les hautes herbes. Le sommeil n’est pas toujours l’image de l’abandon du corps, pas plus que l’image de la mort n’est celle de la crispation ou du rictus. Il dort peut-être, il suffit de le décider.

L’ombre du tilleul auréole la page de taches sombres. La chaleur attire les mouches que je chasse d’un revers de main.

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Sur la droite de l’homme couché, en amorce du cadre, on peut voir des mains de femme, posées l’une sur l’autre, au creux d’un tailleur en laine ; à son annulaire gauche brille l’éclat d’une bague. « J’espère que j’ai bien fermé le gaz. » ou « Peut-être que sa lettre est arrivée. » ou « C’est toujours pareil le dimanche », pourraient être des phases qu’elle prononce*... à moins qu’elle ne pleure. Mais comment savoir ? D’ailleurs elle n’a pas de visage !

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* en hommage à Gérard Schlosser

Publié dans notes sur clichés

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